«On va rire tiens! Le petit gringalet va pas tenir deux minutes dans l'arène! Je me demande qui ils vont lui donner! P'tetre bien le gros loubard du bloc 121, ça serait tellement divertissant, il t'écraserais comme un escargot, t'auras pas grand chose a faire, juste crever sagement dans ton sang sur le sable, sous les hurlements de la foule qui t'injurieras tant que t'auras pas levé ton cul pour te défendre!»
Le silence retomba soudain dans la pièce, tous attendais la réponse de 008 a cette provocation gratuite. Chacun regardais alternativement Arthur et Yann 003, cherchant qui allait désormais s'exprimer, Arthur le regardais sans vraiment comprendre pourquoi cet individu le provoquais.
«J'ai rien demandé moi...c'est le vieux qui s'est jeté sur moi sans raison particulière hein! Et puis un combat demain ou dans dix jours ça change pas la donne, si je dois crever au moins j'aurais pas pourris dans ma crasse en attendant ce jour la.
-ouai mais par ta faute on pourras plus se battre demain! C'est un homme et une femme par bloc les combats jte signales! Tu retardes ma sortie définitive bâtard! Faudra pas venir pleurer demain si on t'épargnes et que tu te seras fait péter les dents et qu'un mastard de deux fois ton poids t'auras fait bouffer du sable par les trous de nez.».
C'était donc cela qui chagrinais tant 003? Le fait de ne pas pouvoir se rendre dans l'arène dès le lendemain? De voir retardé d'un précieux jour le moment fatidique? Le jeune homme se renfrognas, qui vivra verra, si jamais il devait finir bouffé par les vers des l'aube tant mieux, le calvaire dans lequel il venais de plonger prendra fin de manière précipitée certes mais non moins appréciée. La perspective de moisir dans cette pièce immense où vivent entassés près de cinquante personnes, répartis de manière plus ou moins égale entre hommes et femmes ne lui plaisait guère. Certains étaient la depuis des mois, terrés dans la crasse, choyant leur seul bien qu'est la couverture de laine, quelques amitiés s'étaient formées mais ne faisait jamais le poids face a la rudesse de la vie dans ses blocs dignes d'une prison. La vie en communauté avec tout ce qu'elle implique de plus négatif, réveillant les plus bas instincts de l'homme. Les combats sanglants n'étaient que la partie exposée de l'iceberg, le reste grouillais dans l'intimité et les bas-fonds de la sociétés.
Les crimes restaient passibles de prisons comme cela avait toujours été le cas, on notais cependant une nette baisse de ceux ci depuis l'instauration du jeu des gladiateurs. La peur de finir écraser sous un bouclier, la gorge tranchée par un glaive ou transpercé par un trident était un excellent moyen de répression des envies des citoyens de commettre des crimes plus ou moins graves. Ce n'était donc pas la prison qui effrayais les criminels et mais la possibilité de finir dans une arène qui s'en retrouvais multipliée par millions quant à la probabilité d'être enlevé de manière aléatoire dans un parc ou une rue. Nul n'était sortis vivant et libre de ce jeu macabre ce qui rendais la peur de la prison d'autant plus forte.
Le nouvel arrivant protestait de nouveau, il n'avais pas mérité ça, non lui avait toujours été honnête, travailleur et n'avais jamais causé de remouds. Pourquoi diable croyaient ils tous qu'ils finissaient ici à la suite d'un méfait quelconque? Les prisons existent et existeront toujours quoi qu'il arrive, il ne fallait pas qu'ils s'en fassent pour cela, les criminels seraient toujours plus ou moins punis selon le juge qui appliquerais la sentence. La raison pour laquelle on finissait dans l'un des blocs des gladiateurs n'était pas forcement claire, parfois vous étiez seulement au mauvais endroit au mauvais moment, une autre fois c'était parce que vous sembliez suffisamment robuste pour supporter plusieurs combats et ainsi faire durer le plaisir, ou bien vous étiez la victime d'une rafle surprise, enfin vous pouvez avoir fait les frais d'un pari entre kidnappeur qui pour égayer leur rapts. Les vociférations de ce qui semblait être un homme d'affaire fraichement sortis de son bureau ne changeraient donc rien a son sort, il croupiras ici comme les autres en attendant la délivrance incertaine. Tous lui jetaient des regards vides, ils étaient la depuis longtemps et étaient habitués a ce que certains poussent des jérémiades des jours durant, blasés dans leur condition de prisonniers ils le regardaient s'agiter, pleurer, supplier... Pour toute réponse on lui ordonna de se changer en lui jetant la combinaison beige, uniforme standard du bloc et il reçu une couverture d'une couleur douteuse qui devait avoir été grise dans le temps mais qui était désormais couverte de ce qui s'avéra être du sang séché. Le propriétaire précédant avait du mourir de ses blessures après un combat. Il se résigna enfin et arrêta son caprice, acceptant enfin son sort, a partir de maintenant dieu seul savais combien de temps il resterais entre ses murs.
«T'sais que j'ai pris tout tes sous monsieur? Ça f'ras pour tout ceux que tu m'as pas donné dans la rue hein! Œil pour œil qu'on dit!». Avant qu'Arthur ai pu répondre quoi que se soit, il tourna les talons et s'en alla, ricanant toujours, heureux d'avoir dépossédé un bourgeois, un robin des bois en quelque sorte, sauf que le pauvre ne l'était plus vraiment a force de dépouiller les victimes des enlèvements pour le spectacle. Avarice et esprit de vengeance font bon ménage semble-t'il. Un cri déchirant viens soudain perturber le fil pourtant déjà chaotique des pensées de 008, un homme fraichement enlevé hurlais a plein poumons, il n'était pas endormi, toujours vêtus de ses vêtements de ville et serrais une mallette en cuir noir contre lui. Ses vagissements réveillèrent tout les habitants du bloc, l'homme était révolté et tentais de repousser son bourreau quand il fut finalement jeté a terre.
«Sortez moi de la! Moi j'ai jamais rien fait d'mal! J'suis pas un criminel merde! Allez revenez me chercher! La racaille va m'attaquer! A l'aide à l'aide!». Un coup de poing dans la mâchoire le réduisit soudain au silence, puis profitant du fait que l'homme d'affaire soit encore groggy, le gros homme qui l'avais emmené lui vola sa mallette ainsi que ses effets personnels. Bien qu'il ai accomplis cette tache relevant d'une simple formalité, cela ne faisait aucun doute, il finirais dans un bloc ou il n'avais jamais servis afin de se retrouver un jour face a l'une de ses victimes. L'erreur qu'il avait commise était grave, enlever quelqu'un sans l'endormir au préalable et sans lui avoir fait revêtir l'uniforme beige des camps du pays lui vaudrais au mieux une amende, au pire l'emprisonnement. La peine de mort avait été abolie, les criminels étaient placés dans des prisons spécialisés, revêtus de combinaison dont le code couleur trahissait les crimes, rouge pour les meurtriers, vert pour les cambrioleurs, orange pour les terroristes et bleu pour les violeurs, ainsi leur fautes étaient exposés a la face du monde qui se sentais soulagé quand l'un d'eux mourait. Les combats des perpet' comme on les appelaient étaient les plus appréciés, la possibilité d'une réhabilitation a l'issue de 8 victoires les motivaient plus que jamais, ce qui donnait lieu a des combats des plus sanguinaires. Les jeux étaient parfois publics et sur les paquets de café ou de croquettes pour animaux, divers concours vous proposaient un tirage au sort pour assister en direct au combat de ces rebuts de la société. Plus personne ne s'indignait d'une telle traite de l'humanité, sauf peut-être les gladiateurs. Mais l'indignation ne faisait pas long feu lorsque l'on ne pense qu'a s'en sortir, quitte a écraser des gens plus faibles que soi et les tuer puisqu'il en est ainsi pour sortir. Aucun gladiateur n'était sortis a ce jour, un homme avait bien atteint quatre victoires mais il était tombé au combat, tué par une jeune femme pleine d'ardeur que l'on avait enlevée quelque jours plus tôt.
Tu envieras ton voisin, dans la paresse tu te complairas, dans la luxure tu vivras, plein d'orgueil envers les autres tu seras, avec gourmandise tu te gaveras et d'avarice tu feras preuve. Du statut de péché impardonnable vous enlevant tout droit d'entrée au paradis ils étaient devenus une véritable façon de vivre, comme un accord tacite entre tout les habitants de cette planète rongée par l'homme. La colère étant dangereuse pour l'ordre établis on la bannissait du mieux que l'on pouvais, répondant aux caprices des masses grouillantes, évitant la frustration quelle qu'elle soit, c'était d'ailleurs pour cela que l'on offrait ce travail de distribution de la nourriture aux anciens sans domicile.